Succès des contraceptifs auto-injectables

Succès des contraceptifs auto-injectables

Ouagadougou – « Mon mari n’était pas d’accord pour la contraception », se rappelle Aïssa*. À 37 ans, elle a accouché de triplets quelques mois plus tôt, alors qu’elle a déjà la charge de quatre autres enfants dont la plus jeune est à peine âgée de deux ans. « Depuis que nous avons eu les triplets, les charges financières ont tellement augmenté que ça a été moins compliqué de le convaincre », ajoute-t-elle.

Aïssa fait partie des nouvelles recrues de la planification familiale au Burkina Faso, où l’utilisation de méthodes modernes de contraception a doublé au cours de la dernière décennie. En 2020, près de 32 % des femmes en âge de procréer utilisaient une méthode contraceptive moderne pour éviter les grossesses non désirées et espacer les naissances, contre 15 % dix ans plus tôt.

« Ce nouveau contraceptif réduit le temps à passer dans les formations sanitaires et permet une bonne continuité des soins. » Edith Bassoma, cheffe du service de maternité du Centre médical de Nagrin, au Sud de Ougadougou.

Pour renforcer cette évolution, le pays a lancé en 2018, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires, une stratégie pilote pour l’utilisation d’un nouveau contraceptif appelé acétate de médroxyprogestérone dépôt en sous cutané (DMPASc) que les femmes peuvent s’injecter elles-mêmes à domicile.

La stratégie initialement mise en œuvre dans quatre districts sanitaires a été étendue par la suite à 54 autres, soit plus de 75 % des districts sanitaires du pays.

Venue au centre de santé du secteur 22 du district sanitaire de Sig-Nonghin, dans la capitale burkinabé, pour adopter une méthode contraceptive, Aïssa participe d’abord à une discussion sur les différentes méthodes. Le nouveau contraceptif DMPAS retient particulièrement son attention.

« Ce nouveau contraceptif réduit le temps à passer dans les formations sanitaires et permet une bonne continuité des soins », explique Edith Bassoma, cheffe du service de maternité du Centre médical de Nagrin, au sud de Ougadougou. Elle apprend ce jour-là à un groupe de femmes comment s’injecter le contraceptif.

« J’avais peur d’utiliser cette méthode parce que je me disais que je ne pourrais plus faire d’enfant. J’ai été convaincue quand l’une de mes voisines qui l’avait utilisé a pu faire son deuxième enfant. » Angèle Dabire, utilisatrice du DMPA. 

« La plupart des femmes préfèrent les contraceptifs injectables. Le fait qu’elles apprennent à se les injecter est un atout. Comme nous avons souvent beaucoup de patientes, cela permet que certaines ne se découragent pas à l’idée de revenir. »

Les textes des outils de sensibilisation sont accompagnés d’images explicatives destinées à aider celles qui ne savent pas lire. Les causeries éducatives permettent aussi de dissiper les hésitations. « Au début, j’avais peur d’utiliser cette méthode parce que je me disais que je ne pourrais plus faire d’enfant », raconte Angèle Dabire, une utilisatrice venue prendre une nouvelle dose. « J’ai été convaincue du contraire quand l’une de mes voisines qui l’avait utilisé pendant plus d’un an a pu faire son deuxième enfant. »

Pour accompagner la mise en œuvre de la stratégie, des documents et guides nationaux ont été élaborés et le personnel des centres de santé impliqués ont été formés à la sensibilisation et à l’initiation des femmes à la technique d’injection.

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« Les formations de nouveaux professionnels de la santé à cette méthode, l’intensification des sensibilisations et la mise sur pied d’un mécanisme d’approvisionnement de toutes les formations sanitaires nous ont permis de susciter l’intérêt chez de nouvelles utilisatrices », explique le Dr Mathieu Bougma, Chef du Service de planification familiale à la Direction de la santé de la famille (DSF) du Ministère de la santé et de l’hygiène publique.

De plus, l’OMS apporte son expertise dans une recherche tripartite avec le Ministère de la santé et l’Institut de recherche en science de la santé. « La recherche menée dans le District sanitaire de Garango a pour objectif de mettre en lumière les points forts de la phase pilote, ce qui facilitera la mise à l’échelle de cette méthode contraceptive innovante dans tout le pays », explique le Dr Clotaire Hien, Chargé du programme Santé sexuelle reproductive et droits au Bureau de pays de l’OMS au Burkina Faso.

Quatre ans après le début de la phase pilote du projet initié en 2018 et appuyé par l’OMS, le Burkina Faso compte près de 1,5 million d’utilisatrices du DMPA en sous-cutané, soit plus du quart des femmes en âge de procréer.

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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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